S’il porte le nom, bien prosaïque du faux fruit d’une cucurbitacée potagère comestible (cucurbis melon), c’est uniquement parce qu’il en a adopté la forme. Aux Etats-Unis, ce chapeau est connu sous le nom de Derby tandis qu’on l’appelle Bowler en Angleterre. Par définition, c’est un chapeau de feutre rigide, rond à coiffe bombée.
C’est en 1850 que le chapelier londonien James Lock & Cie, installé au 6 de Saint James Street (où il existe encore de nos jours), fabriqua et vendit ce chapeau…
On raconte qu’un certain William Coke, neveu du comte de Leicester, vint un jour chez Lock avec un dossier contenant les dessins d’un chapeau rigide, inspiré des coiffures portées par les cavaliers au XVIIème siècle, qu’il désirait faire fabriquer pour ses gardes chasse, afin de les protéger des chocs des branches basses en forêt. Le haut de forme de rigueur à l‘époque était instable, fragile, coûteux, et n’offrait aucune protection sérieuse.
Lock, avec l’aide de ses fournisseurs habituels de feutre, Thomas et William Bowler, fabriqua la coiffure demandée et lui donna le nom de billycoke en l’honneur de son client, le nom de bowler fut plus utilisé en raison de la forme du chapeau. Au moment de prendre livraison de son chapeau, W. Coke le posa par terre et lui donna deux coups de pied pour en éprouver la solidité. Satisfait de l’essai, il l’accepta et le paya 12 shillings.
A compter de ce jour, tous les gardes chasse et veneurs de Holkam hall portèrent le melon et le chapeau devint définitivement fashionable lorsque, en 1854, le Prince Albert le porta et fut photographié avec. Sa popularité ne cessa de croître durant le XIXème siècle. Porté avec un complet veston, il complète la tenue des classes moyennes. Il était le headwear traditionnel des gents de Londres et devient une icône culturelle britannique.
En 1880, le port du chapeau melon s’est considérablement généralisé en Europe comme aux Etats-Unis.Il devient alors un accessoire important pour de nombreux personnages du monde du spectacle, de la bande dessinée, du cinéma ou encore de la peinture. Il fait partie de la tenue des « droogies » du film Orange mécanique, de Laurel et Hardy ou encore Chaplin. Le tueur du film Goldfinger, Oddjob, décapitait même ses adversaire en lançant comme un frisbee son melon à bords d’acier tranchants (fabriqué par Lock !)
En 1920, le melon arrive en Amérique du sud avec les ouvriers construisant les lignes de chemin de fer. Il sera ensuite adopté par les tribus indiennes au Pérou et en Bolivie, où les femmes des tribus Aymara et Quechua le portent encore de nos jours.
Non seulement le melon exprime le statut social de celui qui le porte, mais il peut aussi manifester ses opinions politiques : aux Etats Unis, en 1928 à l’occasion des élections présidentielles, les supporters du candidat Alfred E. Smith (un ancien poissonnier !), portaient comme signe de ralliement un Derby marron qui devint l’emblème des démocrates.
Le melon devenient alors un identifiant culturel, ironiquement, avec deux sens complètement différents:
– D’une part, dans la majeure partie de l’Angleterre, il était associé aux Butlers, à savoir un valet ou un maître d’hôtel.
– D’autre part, il était également associé aux professions « importantes », et illustrait un statut d’avocat, banquier ou fonctionnaire du gouvernement.
Cependant les hommes ont cessé de porter des chapeaux dans les années 60, et la plupart des jeunes au 21ème siècle ne l’ont pas connu comme élément de la garde robe actuelle. Aujourd’hui, pratiquement délaissé par les hommes il fait le bonheur des jeunes filles qui n’hésitent pas à le porter négligemment en arrière.
On retrouve toujours le melon dans le milieu hippique, au Cricket, ou encore dans les fraternités estudiantines anglaises où il reste de rigueur. De nos jours encore, la tenue de sortie des inspecteurs de la Police britannique comporte un melon.
Aujourd’hui, le melon est un accessoire mode qui se décline dans toutes sortes de couleurs:
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